Recherches coopératives

À côté des formations et des accompagnements de collectifs, le CCB développe également des activités de recherches, en partenariat avec des laboratoires universitaires et différentes structures de la société civile. Le Pôle recherche du CCB s’intitule le LARCOOP (« Laboratoire de recherches coopératives »).

Philosophie

De par son ancrage historique dans le monde universitaire, le CCB a constamment articulé ses activités avec la recherche au sens académique du terme, tout en visant à marquer sa spécificité à l’égard des recherches strictement académiques. Pour clarifier les choses, nous distinguons les trois expressions suivantes :

  • être en recherche ;
  • se mettre en recherche ;
  • faire de la recherche

Les acteurs qui sollicitent le CCB, que ce soit dans le cadre d’un projet de formation individuelle ou d’un accompagnement, sont en recherche, au sens où ils sont en réflexion à l’égard de leur univers de pratique et souhaitent s’y positionner différemment.

À travers les formations et les différents formats d’accompagnement qu’il propose, le CCB incite ces acteurs à dépasser cette posture initiale pour se mettre en recherche, c’est-à-dire pour s’inscrire dans une démarche rigoureuse et outillée visant à soutenir la réflexivité, en intégrant des connaissances nouvelles, en produisant des analyses, en enquêtant, en expérimentant et en évaluant en continu les expérimentations mises en œuvre. C’est ici que se situe en particulier la recherche-action coopérative dans le cadre de l’accompagnement de collectifs d’acteurs.

Nous réservons l’expression « faire de la recherche » aux activités de recherche développées dans le monde académique, qui ont un caractère plus systématique, font appel à des compétences spécifiques et sont d’abord orientées vers la production de connaissances reconnues par la communauté des pairs. Contrairement à ce que l’on entend souvent, la recherche académique ne doit pas être pensée à travers la notion de « théorie », opposée à la « pratique ». C’est une pratique spécifique, qui développe une autre manière de se rapporter à la vie sociale que celle qui est engagée en tant que professionnel, qu’usager ou que citoyen, et dont la finalité première est de produire des connaissances sur le monde social. Cette pratique combine systématiquement production théorique et conceptuelle et démarche d’enquête, c’est-à-dire collecte de matériaux empiriques et analyse et interprétation de ceux-ci.

Le CCB valorise cette modalité de recherche de plusieurs points de vue :

  • à travers la production dans plusieurs des formations diplômantes de mémoires de recherche-action encadrés par des chercheurs universitaires ;
  • à travers la mobilisation des connaissances et compétences issues de la recherche académique par les responsables de formation et d’accompagnement du CCB ;
  • à travers la référence à la méthodologie de la recherche académique comme source d’inspiration pour les Ateliers coopératifs de recherche-action (ACORA) ;
  • à travers la production par les chercheurs du CCB d’études et de recherches.

La spécificité de positionnement du CCB à l’égard de la recherche académique peut être explicitée ainsi :

  • une perspective multiréférentielle, combinant les exigences du référentiel scientifique (produire des connaissances validées par la communauté scientifique) avec celles d’autres référentiels, comme le référentiel praxéologique (développer sa réflexivité sur ses pratiques, articuler étroitement vécu, action et réflexion), le référentiel de la résolution de problèmes (trouver des réponses à des problèmes rencontrés), le référentiel du développement du pouvoir d’agir (accroître le pouvoir d’action des personnes) ou le référentiel de l’innovation sociale (transformer les rapports sociaux dans une perspective progressiste) ;
  • une hybridation des savoirs visant à articuler les savoirs académiques établis avec les savoirs d’action et d’expérience des acteurs et à coproduire les connaissances nouvelles élaborées ;
  • une articulation étroite entre recherche et action, qu’elle soit médiate, à travers le détour par la recherche, ou plus directe.
  • une recherche impliquée et contributive rejetant la neutralité souvent revendiquée dans le monde académique tout en cultivant la distanciation critique.

Cette spécificité permet d’expliciter l’esprit dans lequel les chercheurs du CCB engagent des études et recherches. Quels que soient les formats mis en place, ils s’interdisent de se positionner en extériorité à l’égard des partenaires auxquels ils s’associent, que ce soit dans le cadre d’un comité de pilotage, d’une recherche conjointe ou d’une étude de cas, dans une posture où le savoir scientifique se présente comme le seul savoir légitime et prétend venir éclairer des acteurs ignorants ou réduits à des opinions et des préjugés. Les attendus de la démarche académique de recherche sont constamment imbriqués avec d’autres orientations, en vue de prendre en compte l’ensemble des acteurs impliqués, avec leurs savoirs, leurs préoccupations, leurs intérêts propres.

Au cours des dernières années, différents formats de contribution des chercheurs du CCB aux dynamiques collectives ont été expérimentés, en particulier à travers les accompagnements de collectifs et de structures et dans le cadre du programme ASOSc (« Appropriation sociale des sciences ») de la région Bretagne, où le CCB a piloté deux projets de recherche successifs : « La Fabrique du Social : Expérimentations et innovations sociales » (LFS) et le « Laboratoire Social de Recherche-Action dans la Cité » (LASRAC).

L’atelier coopératif de recherche-action (ACORA) : un animateur-facilitateur accompagne un collectif engagé dans la réflexion en lui proposant de se mettre en recherche sur un mode un tant soit peu systématique, avec comme supports des outils et démarches qui puisent à la fois dans la recherche académique et dans l’éducation populaire.

L’accompagnement de l’Observatoire partagé de la jeunesse de Ploemeur, initié par la direction de la jeunesse.

L’accompagnement de l’association d’habitants-relais « Partages » adossée au bailleur social « Aiguillon construction » à Rennes.

L’acteur-chercheur collectif : des intervenants du CCB formés à la recherche académique s’impliquent dans des collectifs en réflexion, formant ainsi un acteur-chercheur collectif, dans une position de symétrie par rapport aux autres acteurs mais également dans une orientation qui se veut contributive aux débats et discussions qui animent le collectif ainsi qu’à ses projets d’action. Ils participent ainsi à la mise en récit de l’action publique initiée et soutiennent les mobilisations citoyennes en imaginant des outils et dispositifs qui puisent dans une diversité de référentiels.

L’acteur-chercheur collectif mis en place à La Courrouze dans le cadre du LASRAC.

Nadine Souchard et Yves Bonny – La recherche-action coopérative, une voie contributive aux productions de la société civile

La recherche dédoublée : Les chercheurs du CCB mettent simultanément en place une recherche distanciée, autonome à l’égard des acteurs auxquels ils s’associent, inscrite dans un champ disciplinaire académique (recherche sur) et une recherche avec les acteurs, au sens ici de soutenir comme animateur-facilitateur un collectif d’acteurs se mettant en recherche à propos d’enjeux pratiques qui le concernent. Ces deux démarches s’appuient sur des principes épistémologiques et des positionnements d’acteurs profondément différents. Tout l’enjeu du travail engagé consiste à établir leur articulation et leur fertilisation croisée, en particulier à travers différents espaces où ces deux démarches se croisent (ateliers de problématisation partagée, ateliers de restitution d’analyses et de validation conjointe, forums hybrides, etc.).

Les études de cas sur Kerfléau et Tout Atout dans le cadre de LFS, ainsi que le séminaire scientifique et le forum acteurs-chercheurs qui ont conclu le projet de recherche.